Location meublée : un résultat déficitaire exclut toute exonération au titre des biens professionnels

 

| Fiscalité |

 

26 juin 2024

Article de Réginald Legenre, Magazine EXPRESSION n°99 juillet \ août 2024

 

Dans une réponse ministérielle du 9 avril 2024 (Rép. Vidal AN. 9 avril 2024 n°9897), l’administration fiscale précise que la réalisation d’un résultat déficitaire exclut la qualification professionnelle des biens loués, et ce même si l’activité de location meublée est la seule source de revenus du foyer.

 

 
Une activité dans le champ de l’IFI

 

Les biens et droits immobiliers affectés à l’activité principale industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale du redevable ou des membres de son foyer fiscal peuvent être exonérés d’impôt sur la fortune immobilière (« IFI »). Toutefois, l’activité de gestion de son propre patrimoine immobilier n’est pas considérée comme une activité commerciale. Dès lors, les locaux d’habitation loués meublés sont dans le champ d’application de l’IFI.

 

Une exonération sous conditions

 

Par exception, les activités de location de locaux d’habitation loués meublés ou destinés à être loués meublés sont considérées comme des activités commerciales pour l’application du seul régime d’exonération des actifs professionnels dès lors que le contribuable réalise plus de 23 000 € de recettes annuelles et retire de cette activité plus de 50% des revenus à raison desquels son foyer fiscal est soumis à l’impôt sur le revenu dans les catégories des traitements et salaires, bénéfices industriels et commerciaux, bénéfices agricoles, bénéfices non commerciaux, revenus des gérants et associés mentionnés à l’article 62 du CGI.

 

Une activité déficitaire exclut l’exonération

 

S’agissant du seuil de 50% des revenus du contribuable, après avoir rappelé qu’il convient de comparer le bénéfice commercial net annuel dégagé par l’activité de location meublée avec le revenu net, c’est-à-dire après déduction des charges et abattements, du foyer fiscal dans les catégories d’imposition précitées, y compris le bénéfice tiré de la location, l’administration indique que le seuil de 50% n’a de pertinence que par comparaison des revenus issus de la location meublée avec d’autres revenus catégoriels. Ainsi, en présence d’une activité de loueur en meublés générant des recettes annuelles supérieures à 23 000 €, mais dont le résultat est déficitaire, la condition de seuil de 50 % du revenu ne peut être considérée comme remplie.

Cette solution constitue la reprise de celle déjà donnée par l’administration en matière d’ISF. Néanmoins, au cas d’espèce, le parlementaire s’interrogeait sur sa pertinence lorsque l’activité est l’unique activité professionnelle source de revenus pour le foyer fiscal, activité qui peut être déficitaire, pour diverses raisons, et notamment du fait de l’amortissement des actifs immobiliers ou d’aléas économiques ponctuels. L’administration ne fait donc aucune exception au principe d’exclusion de la qualification professionnelle des biens affectés à une activité déficitaire.

Cette position est également celle de la chambre commerciale de la Cour de cassation qui a refusé la qualification de bien professionnel en cas de résultat net déficitaire dans un arrêt du 20 décembre 2023 (n°22-17.612).

 

 

=> Pour tout conseil en droit fiscal, nous vous invitons à contacter Réginald Legenre, associé => r.legenre@herald-avocats.com