Un conte de Noël : 2025, une année (dés)enchantée
18 décembre 2025
| Droit social |

En ce 18 décembre, à quelques jours de la grande tournée annuelle de distribution de jouets, les lutins du Père Noël sont insatisfaits, et ils ont bien l’intention de le faire savoir.
Depuis ce matin, Fripon le lutin clame dans tout l’atelier que le Père Noël lui aurait demandé de livrer 150 jouets à la même adresse alors qu’il revient tout juste d’arrêt maladie. Ce dernier a bien tenté de lui proposer un entretien pour lui expliquer qu’il n’en est rien, mais Fripon lui reproche désormais de l’avoir « convoqué » à une réunion de travail alors même qu’il n’a pas passé sa visite de reprise.
Le Père Noël voudrait le licencier en raison de sa communication non-constructive qui le conduit à déformer systématiquement les propos de ses interlocuteurs et à se placer dans une posture délibérément polémique, ce qui désorganise le fonctionnement de l’atelier.
Hélas, la Cour de cassation jugerait nul ce licenciement, estimant que les propos de Fripon relèvent de l’exercice légitime de sa liberté d’expression… (Cass. Soc., 22 janvier 2025, n°23-16.896).
Tout comme ceux de Ronchonnet le lutin, qui jugeait « débiles » les décisions du Père Noël, mais qui sera excusé au regard de son ancienneté, de ses qualités professionnelles reconnues et du mal-être résultant de ses conditions de travail (Cass. Soc., 4 juin 2025, n°23-20.977).
Apprenant le projet de licenciement de ses collègues, et frustré d’une récente modification de ses conditions de travail, Perturbin le lutin ne tient plus en place : il se précipite dans le bureau du Père Noël et s’exclame « Vous avez un comportement de salopard ! »
Choqué, le Père Noël voudrait également le licencier pour ces propos injurieux.
Pourtant, là encore, ce licenciement serait invalidé par la Cour de cassation, les propos n’ayant été adressés qu’au Père Noël sans diffusion plus large, et s’inscrivant dans un contexte de modification de conditions de travail vécue comme une rétrogradation (Cass. Soc., 13 novembre 2025, n°24-13.794)
Le bon Santa se sent d’autant plus impuissant que la Mère Noël vient de l’informer qu’il y a deux mois et demi, Testostérin le lutin a osé la traiter de « Grosse p*** » !
La gravité de ces propos ne permettra cependant pas d’écarter la prescription des faits fautifs, et un licenciement pour ce motif serait jugé sans cause réelle et sérieuse (Cass. Soc., 22 janvier 2025, n°22-21.347)
Encouragé par cette impunité, Foldingo le lutin décide d’adresser à sa collègue Pauvreline des messages menaçants et insultants, principalement à caractère sexiste.
Impossible de le sanctionner cependant, car au moment des faits, il se trouvait en décompensation psychotique le plaçant dans un état psychique fortement altéré pouvant obérer ses facultés de discernement quant au caractère répréhensible de son comportement… (Cass. Soc., 5 mars 2025, n°23-50.022).
Chassant ces pensées de son esprit, le Père Noël se hâte de boucler les derniers préparatifs.
Qu’à cela ne tienne, s’il n’est pas aidé par les juridictions prud’homales, l’année prochaine, il choisira mieux ses lutins !
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